general info
nom, surnom ça claque comme le fusil et la balle dans ses veines. l'gosse n'a pas ouvert les yeux qu'il souhaiterait déjà qu'il crève. pas qu'il est pessimiste, mais s'faire affubler du sale blaze d'billy lui casse plus d'une tête. gamin fier à souhait, trop con pour s'en rendre compte, trop fort pour dires ses torts. il a souvent craché sur c'nom, billy, un peu trop, s'prenant tantôt pour un kubrick, tantôt pour un comique, alternant les prénoms, les surnoms, les patro', l'genre de truc qui f'rait tourner tout l'monde en bourrique. il assume pas trop, tête blanche, parce que putain, qu'est-ce que c'est merdique, mais il doit r'dorer l'tout et l'figer dans le temps en s'laissant faire partout, nostalgique au présent. alors qu'il soit billy, tête blanche, the kid, l'enfant, y'a plus rien qui compte. plus rien que les rush, les shots, les sourires, les éclats. tout c'qui fait l'instant présent. et quand le tout est filmé, qu'tout est enregistré, le v'là qui redevient lui-même. il n'est pas jésus, il n'se montre pas clément avec les autres, surtout pas avec lui-même. mais s'il peut s'accorder sur une chose, c'est qu'à c'moment précis de sa vie, qu'le prophète d'vienne soudain l'homme-dieu qu'le monde patientait, lui d'viendrait la caméra que personne n'attendait. et c'est la seule chose qui compte désormais. pronoms he/him. mais il aurait volontiers se laisser dématérialiser pour n'plus être qu'un regard parmi les autres, une seconde parmi les éons. âge et date de naissance seize ans, l'juste milieu, comme l'seul équilibre qu'il n'aura jamais, qu'il n'a jamais eu. oh ouais, billy n'a que seize ans et s'prend pour sisyphe à porter tous les malheurs du monde, même s'il porte plus son unique sac à dos troué sur les épaules. un peu dramatique, l'garçon, mais soit, ça lui passera un jour ou l'autre. il accorde plus trop d'importance à son anniversaire, pourtant c'est l'jour où tout a commencé. parce que s'il est né l'treize, un jour perdu parmi le mois égaré qu'les plus roublards appellent janvier, c'est bien l'même jour, six ans plus tard, qu'il a commencé à tourner. des sketchs bidons et des scénarios foireux mal essuyés, un peu raturés et dégueulassés sur le papier, mais v'là que tout commence. v'là que démarre sa plus juste, sa plus grande, et la plus personnelle d'ses épopées. nationalité et origines enfant typique, américain moyen. l'sang est juif, la mère d'autriche, avec un peu d'hémoglobine de l'est, qu'on dit russe, à c'qui paraît. billy aime bien s'targuer d'avoir des conneries de géné' frenchie, mais putain, r'gardez sa tête. vous pensez qu'c'est pour rien qu'on l'appelle malade, pâle sorti d'eden ? quartier d'habitation crescent point. occupation glandeur, fumeur, buveur. présent dans toutes les soirées, pas sûr qu'on l'ait à chaque fois invité. il s'incruste, il aime bien ça, suit son groupe et trouve toujours un moyen d'convaincre comment rester en prônant la carte de l'immortalité. l'mec est chaud dans ce domaine, enfin, il n'a pas beaucoup d'talent mais il savait voir et c'est p'tet l'essentiel d'après c'que les plus pompeux disent quand ils essaient d'le louer sans gêne. l'gars est maladroit, c'est pas le futur kurosawa, mais vl'à qui est là, présent, bien vivant, t'jours un sourire aux lèvres, parfois inexpressif, mais les gens aiment bien dire qu'c'est lui qui parle derrière la caméra. ou plutôt qu'la caméra parle pour lui. enfant sauvage, c'est un connard ouvert d'esprit. il paraît bizarre mais il est plutôt sympa, dans l'fond. c'est juste qu'il est timide, un peu trop pour être honnête. tellement timide qu'il -- parascolaire -- a jamais vraiment rêvé d'finir dans un club du lycée, dans l'genre audovisuel et toutes les conneries pour pas frôler sa peur d'être constamment rejeté. il préfère dire qu'il aime être indé'. ça aide. et puis tout c'qu'il filme, c'est tellement perso qu'il peut pas tout révéler. personne a jamais vu ce qu'il capturait. il préfère être dans son coin ou dans son groupe d'amis privé. pas un freak au sens propre, juste un peu plus réservé. on sait qu'il est là, avec son caméscope, parce qu'il aime la vieille époque. certains disent qu'il se branle sur le passé. lui préfère dire qu'il préfère voir les choses sous un autre regard. comme s'il venait du futur. comme s'il pouvait tout prévoir. mais c'est pas vrai ça. c'est un énième mensonge qu'il a fait avaler. à tout le monde, certes, mais surtout à lui. et à s'donner une pseudo-insensibilité -- statut et orientation sexuelle -- v'là qu'il s'retrouve seul, comme à chaque fois, perdu, paumé, et complètement déboussolé. il fait de son mieux pour assumer, mais sa fierté est toujours trop grande, trop forte pour être contrôlée. y'a sûrement des dizaines de filles sur qui il a crushé. mais l'gars bouge pas, inerte, et se contente de filmer. pourtant ça se sent, tu vois ? y'a qu'à r'garder les vidéos qu'il prend, les plans qu'il fait, parfois insistants, pour comprendre qu'il ressent un truc. mais l'cœur bat pas, apparemment. pas frontalement. pas directement. pas aussi expressivement qu'il aurait aimé l'faire, qu'il aurait aimé le dire ou l'faire comprendre, comme tous les mecs qu'il côtoie. malhabile et aveugle, sans doute trop pour s'laisser guider par ses envies, assommé par la peur et intimité par ses amis, billy n'trouve rien d'mieux que d'continuer à vivre à demi, laissant d'côté son existence pour voler celles des autres autour de quelques rush. quelques plans. quelques travellings désordonnés. mais c'est p'tet ça sa vie. p'tet qu'il est fait pour ça. p'tet qu'à force de ne trouver aucun sens à son adolescence, il en donne à d'autres pour la leur.
et v'là pourquoi il est seul.